Au final, rien n’est important

Nous sommes en pleine crise géopolitique depuis quelques jours / semaines.

Les médias sont comme à leur habitude tous très anxiogènes. Surtout depuis l’annonce dimanche que la Russie décide de mettre en alerte ses forces de dissuasion (aka le nucléaire).

Alors imaginez pour quelqu’un comme moi, stressé de nature, l’effet d’une telle annonce.

C’est pour cela que j’ai décidé de me couper provisoirement des sources d’infos pendant quelques temps.

Je sais que la technique de l’autruche n’est jamais une bonne idée.

Pourtant, c’est diablement efficace quand vous ne pouvez plus vous empêcher de regarder la situation s’envenimer petit à petit.

A l’heure où nous sommes peut-être à l’aube d’une guerre nucléaire et / ou mondiale, je voulais vous partager un discours qui me permet de prendre du recul sur la situation et qui je l’espère, pourra en faire de même pour vous.

Se sentir tout petit pour relativiser et espérer

Quand j’ai besoin de souffler et de m’évader, je me plonge dans l’astronomie.

Ce qu’il y a de bien avec l’astronomie, c’est que l’univers est tellement immensément vaste et riche que l’on découvre chaque jour de nouveaux phénomènes, de nouvelles exo-planètes, de nouveaux astres.

Les distances et les tailles des astres sont si grandes qu’on peut facilement en avoir un vertige.

Et justement, c’est de distance dont parle ce discours.

Certaines découvertes ont marqué l’histoire (les missions lunaires Apollo, la sonde Rosetta qui a réussi à se poser sur une comète, Curiosity sur Mars…) alors que d’autres ont eu un impact beaucoup moins important sur le grand public.

C’est le cas de cette photo.

The Pale Blue Dot. Voyager1. 14 février 1990
Crédits : Wikipédia

Cette photo s’appelle « The pale blue dot ».

Il s’agit d’une photo prise par la sonde Voyager1 qui a été envoyée en 1977 et qui s’échappe hors du système solaire.

Ce nom « Pale Blue Dot » vient du fait que la Terre est si loin qu’elle est représentée sur la photo seulement par un pixel bleu.

Si la photo est impressionnante (c’est une photo prise à plusieurs milliards de kilomètres de la terre) bien que pixellisée et assez sombre, c’est le discours de Carl Sagan qui me fait me dire que nos vies sont bien peu de choses au final.

Un texte pour la paix, et que peu de gens ont l’air de connaître dans le grand public.

Ce discours m’apaise et me détend. J’espère qu’il fera de même pour vous.

Le voici retranscrit :

« Regardez ce point. C’est ici. C’est notre foyer. C’est nous. Dessus se trouvent tous ceux que vous aimez, tous ceux que vous connaissez, tous ceux dont vous avez jamais entendu parler, tous les êtres humains qui aient jamais vécu. La somme de nos joies et de nos souffrances. Des milliers de religions, d’idéologies et de doctrines économiques remplies de certitudes. Tous les chasseurs et cueilleurs, tous les héros et tous les lâches, tous les créateurs et destructeurs de civilisations. Tous les rois et paysans, tous les jeunes couples d’amoureux, tous les pères, mères, enfants remplis d’espoir, inventeurs et explorateurs. Tous les moralisateurs, tous les politiciens corrompus, toutes les “superstars”, tous les “guides suprêmes”, tous les saints et pécheurs de l’histoire de notre espèce ont vécu ici… Sur ce grain de poussière suspendu dans un rayon de soleil.

La Terre est une scène minuscule dans l’immense arène cosmique. Songez aux rivières de sang déversées par tous ces généraux et empereurs afin que, nimbés de triomphe et de gloire, ils puissent devenir les maîtres temporaires d’une fraction… d’un point. Songez aux cruautés sans fin infligées par les habitants d’un recoin de ce pixel aux habitants à peine différents d’un autre recoin. Comme ils peinent à s’entendre, comme ils sont prompts à s’entretuer, comme leurs haines sont ferventes. Nos postures, notre soi-disant importance, l’illusion que nous avons quelque position privilégiée dans l’univers, sont mises en perspective par ce point de lumière pâle.

Notre planète est une poussière isolée, enveloppée dans la grande nuit cosmique. Dans notre obscurité, dans toute cette immensité, rien ne laisse présager qu’une aide viendra d’ailleurs, pour nous sauver de nous-mêmes. La Terre est jusqu’à présent le seul monde connu à abriter la vie. Il n’y a nulle part ailleurs, au moins dans un futur proche, vers où notre espèce pourrait migrer. Visiter, oui. S’installer, pas encore. Que vous le vouliez ou non, pour le moment, c’est sur Terre que nous nous trouvons.

On dit que l’astronomie incite à l’humilité et forge le caractère. Il n’y a peut-être pas de meilleure démonstration de la vanité humaine que cette lointaine image. Pour moi, cela souligne notre responsabilité de cohabiter plus fraternellement les uns avec les autres, et de préserver et chérir le point bleu pâle, la seule maison que nous ayons jamais connue. »

Carl Sagan, Pale Blue Dot, 1994


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